Le froid devint plus vif. Il atteignit son maximum de l'hiver, puis les tempêtes se firent plus rates. Mais quand elles se déchaînaient, nul être humain n’aurait pu leur résister. Enfin vint le moment où l'on put différencier très nettement la nuit du jour. On pouvait voir s’éteindre les étoiles, monter de l'horizon de l'est la lueur diffuse précédant l’arrivée du soleil, puis celui-ci se montrait quelques instants, réchauffait la taïga et ses habitants, pénétrait par les petits carreaux vitrés des fenêtres jusqu’au cœur même des huttes d’hivernage. Et les Lapons le recevaient, immobiles, le visage baigné de cette lumière chaude qui leur annonçait le printemps. Et les enfants sautaient, couraient, se roulaient avec les chiens dans la neige poudreuse.